Il n’y a pas d’image du corps sans imagination de son ouverture Georges Didi-Huberman, Ouvrir Vénus.

"Foyer" de Jennifer Mackay (tous droits réservés)
Tabula I (planche n°1), in Adriani Spigelli Bruxellensis... Livre par Adriaan Van der Spiegel, Amsterdam, apud Iohannem Blaev, 1645

Écriture et dessin, sculpture, couture, gravure : autant de formes que l’humanité a investies pour léguer son empreinte et transmettre la mémoire de son temps. Charge aux curieux des siècles suivants d’en déchiffrer la trame, qu’elles soient d’antiques productions savantes, de vieilles dentelles ou des robes oubliées que l’on découvre parfois au fond des greniers.

"Matrice" de Jennifer Mackay
"Matrice" de Jennifer Mackay (tous droits réservés)

 

Fil tendu entre les collections patrimoniales de la BU Santé et le travail plastique de Jennifer Mackay, le parcours proposé tisse des liens entre les siècles, des gravures du XVIe, des dessins d’étudiants du XIXe, des organes cousus main et des bras démontables dernier cri. Moins opposés qu’il n’y paraît, et même reliés par des affinités secrètes, tous sont ici autant d’artefacts graphiques nés d’une pulsion commune, qui incite à ouvrir le corps pour y lire ce qui s’y cache – son histoire, son devenir – puis à montrer ce qu’on a vu – ou cru voir. Médecins et artistes partagent ce double geste d’ouverture et de spéculation, nous transmettent cet inconscient qui oriente notre compréhension du monde.

Tabula XIII (planche n°13), in Adriani Spigelli Bruxellensis... Livre par Adriaan Van der Spiegel, Amsterdam, apud Iohannem Blaev, 1645

Le travail plastique de Jennifer Mackay est emblématique de ce désir de voir : s’il part du corps, les logiques propres de l’inconscient et de la création perturbent sensiblement l’expérience. Le résultat - greffons fragiles, végétations hybrides, formes proliférantes- est alors livré à l’interprétation et au diagnostic de chacun. Ce jeu d’enquête se prolonge dans le travail de conservation mené à la bibliothèque, maillon essentiel dans la transmission d’une mémoire partagée. Conserver un livre impose en effet aux bibliothécaires spécialisés dans les fonds patrimoniaux d’établir, là aussi, un diagnostic pour y repérer vergeures, taches et moisissures, en véritables dermatologues. De chair, de papier ou de tissu, tous ces corps se soumettent aux aléas de la chimie et du temps.

C'est à venir explorer avec nous cette rencontre entre science et art, matières vivantes et empreintes du temps, que les bibliothèques universitaires vous convient, au travers d'un parcours en plusieurs temps :

"Matrice" (interieur) de Jennifer Mackay (tous droits réservés)

s'ouvrir...

se souvenir...

spéculer...

imaginer...

se développer...

interpréter...